mercredi 19 février 2014

Violence : Quand l'amour en dépend.

Chloé avait 17 ans lorsqu’elle fut victime de violences physiques par son partenaire intime.





Cette violence qu’il vous a infligé, comment est-elle apparut ? 




Chloé : Il y a deux ans, j’ai rencontré un homme âgé d’une vingtaine d’années, il était charmant, et j’ai succombé. Il donnait une bonne image de lui-même, entre lui et moi c’était passionnel. Vous savez cet amour qui détruit, on pouvait s’aimer comme se détester. J’avais confiance en lui, il a pris de l’assurance, il voulait dominer. Il souhaitait que je sois soumise, en effet, il m’interdisait de plus en plus de sortir. Il avait beaucoup de principes que je devais adopter mais que lui-même ne tenait pas. Jamais je n’aurais pu croire qu’il agirait ainsi, jusqu’au jour où, pour la première fois, il a levé la main sur moi.




Cette première fois, comment cela est-il arrivé, dans quelle circonstance ?



Chloé : Je revenais de soirée, ce qu’il n’appréciait pas vraiment et, sur un sujet quelconque il a cru que je mentais. Il a commencé à s’énerver devant ses amis, il criait de plus en plus fort, puis il m'a violemment attrapé par le coup et a fini par me coincer dans le coin du mur. Je ne pouvais me débattre, j’étais apeurée. Je ne l’avais pas vu venir, je ne voyais aucun scrupule dans ses yeux, et il n’y avait ni regrets, ni tristesse. Heureusement que nous étions entourés, ses amis sont intervenus. 




Comment avez-vous réagi après cela, où en était votre relation ?



Chloé : J’ai beaucoup réfléchi pendant une semaine, mais il faisait les yeux doux, il me manipulait avec de belles excuses, et puis j’ai pardonné. Je me disais constamment que ce n’était qu’une « gifle », que ça peut arriver à tout le monde de perdre le contrôle. Mais la vraie raison de mon pardon, c’était tout simplement que j’en étais amoureuse, je voulais croire en lui. Mon entourage me prévenait, j’ai même eu un coup de fil de son ex copine qui m’a demandé de faire attention, mais vous savez ce que j’ai pensé ? Que c’était juste une forme de jalousie. J’étais bornée. « Je ne revivrai pas ça » c’est ce dont j’étais persuadée. 



La photographie, une façon de s'exprimer après son cauchemar.



En le pardonnant, a-t-il finit par s’assagir ?


Chloé : Non. Bien au contraire. Sa jalousie devenait perpétuelle, elle commençait à me faire peur. Je n’avais plus le droit de sortir et de m’habiller comme je voulais. Il acceptait seulement que je voie mes copines. Mais la violence est devenue morale, dès qu’il buvait un peu trop, il m’insultait, et je ne disais rien, je ne décrochais pas un mot. Ces gestes étaient brusques. J’ai fini par trouver la force d’y mettre fin. J’étais à bout de nerfs. Sa maman a été attristée par notre rupture, qu’elle en a beaucoup pleurer, il m’en a donc tenu rigueur. J’ai été insulté de « salope », c’est difficile à entendre venant de l’homme qu’on aime. 

Mais un certain soir, lors d’une virée en boîte, je l’ai contacté afin qu’il me rende un bracelet auquel je tenais, évidemment il ne voulait pas. À cette période j’éprouvais beaucoup de colère en vers lui, j’ai donc perdu mon calme, et à mon tour, j’ai prononcé tout ce que je pensais de lui, j’ai été jusqu’à dire que c’était une « larve ». 


Comment a-t-il réagit après ces paroles qui, finalement, reflétaient la réalité ?


Chloé : Mal. Il est venue me retrouver dans la boîte et ma demandée qu’on sorte. J’ai évidemment refusé. Je savais de quoi il était capable, c’est un nerveux, j’avais peur. Mais il ne s’est pas arrêté à mon simple refus, il m’a forcé à aller dans aux toilettes, où personne ne pouvait nous voir. Et le pire que je craignais est arrivé, il a attrapé ma tête et la frappé contre le mur, ensuite il a porté ses mains à mon coup, je ne respirais plus. Il prononçait sans répit quatre mots que je ne pourrais jamais oublier « Je vais te tuer ». Mais instinctivement, j’ai enfoncé mes doigts dans ses yeux, j’ai tiré sa chaine du coup et frappé, sans remords, à l’endroit où ça fait mal. J’ai réussi à m’échapper, j’ai eu de la chance, j’en ai conscience.

Qu’elles ont été les poursuites après cette soirée ?


Chloé : J’étais marqué, j’ai donc pris des photos pour en garder une trace, mais je n’ai jamais osé porter plainte. Malgré le mal qu'il venait de me faire, mes sentiments étaient toujours présents. J’avais honte de ce qui s'était produit et des bleus que je portais, et je n’avais aucune envie de le voir au tribunal. J’ai donc prévenu peu de monde, seul mon père de ma famille était au courant, et c’était mieux ainsi, ma mère aurait bien trop souffert. 

Qu’elles ont été les conséquences psychologiques ?


ChloéC'était très dure, je dirais même « horrible ». Je ne passais pas de bonnes nuits, elles étaient sans cesse accompagnées de cauchemars. Mes pleurs ne s’arrêtaient pas, j’étais mal. Je n’avais plus confiance en moi, j’avais honte. Mes blessures étaient voyantes, c’était l’été, et les gens me dévisageaient, j’étais mal à l’aise. Leur regard me rappelait ce que je venais de vivre. J’étais choquée psychologiquement. Lorsqu’un homme inconnu s’approchait de moi, où faisait un geste qui me paraissait inhabituel, je paniquais, je pleurais. Ce n’était pas agréable. Mais je crois que la chose la plus stupide que j’ai pu faire, c’était de le revoir après tout cela, c’était comme un besoin et je souhaitais juste une chose, qu’il reconnaisse ses torts, mais je n’ai jamais eu cette chance. Et à ce moment-là, j’ai réalisé, et je n’ai pas cherché à le revoir. Mon cœur était brisé. 

Un tatouage en mémoire d'une chanson "A l'abri des anges"



Désormais ça fait deux ans, où en êtes-vous aujourd’hui ?


Chloé : j’ai dû apprendre à refaire confiance aux hommes, j’ai dû reprendre confiance en moi. Mais j’ai essentiellement dû prouver ma liberté. Durant ces deux ans, j’ai participé à beaucoup de shooting photos de styles très différents, cela m’a permis de m’affirmer un peu plus. Et j’ai gravé cette histoire sur mon corps par trois colombes pour interpréter la liberté. D’un côté, il sera donc toujours en moi. Mais ce tatouage est présent pour me rappeler que j’ai été forte, que je m’en suis sortis. J’ai eu cette chance. Et comment vous dire qu’aujourd’hui je suis épanouie avec un homme qui, ne lèvera pas la main sur moi. Si j’en suis autant certaine, c’est parce qu’une fois qu’on a vécu cela, on sait reconnaitre les manipulateurs à un homme sincère. On y repense toujours, ce n’est pas tous les jours évidant. 



Avez-vous un petit mot à transmettre ?


Chloé : Oui. Mon ex-copain était quelqu’un de très manipulateur, je n’ai pas souhaité écouter les personnes qui m’entouraient. Je voulais voir par moi-même. C’était une erreur de ma part, car à ce jour, j’ai des séquelles. C’est quelque chose d’inacceptable, il ne faut pas pardonner, dès lors qu’un homme lève sa main, hausse le ton et vous insulte, il faut trouver la force et le courage de partir. Car s’il agit ainsi c’est qu’il n’éprouve pas autant d’amour qu’il veut vous faire croire. C’est un chemin dangereux, et il ne faut pas y mettre les pieds trop longtemps. Si vous l’acceptez une fois, ça recommencera automatiquement, c’est un cercle vicieux, ça vous mène en dépression, ça vous détruit. Ça m’a détruit de l’intérieur. J’ai souffert. J’ai eu de la chance de pouvoir guérir, le temps a réparé beaucoup de choses, c’est pourquoi j’arrive à en parler ouvertement désormais. N’attendez pas, agissez.





Ro'





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